Difficile de résumer la carrière de James Taylor, et puis je ne vais pas le faire ici car c’est avant tout son nouvel album qui nous intéresse. Mais pour être très rapide son premier LP est sorti en 1968 sur le label des Beatles, Apple Records ! Sa carrière était lancée et les années 70 verront nombre de chefs-d’œuvre paraître (ils feront l’objet de futures chroniques). Les années 80 quoique moins prolifiques seront aussi mises à profit par cet auteur-compositeur-interprète de génie pour produire de très bons enregistrements. Les années 90 et en particulier l’année 97 rime avec Hourglass qui est à mon avis une de ses toutes meilleures productions, elle recevra à ce propos le Grammy Award dans la catégorie "Best Pop Albums".
Après Hourglass, il fallut attendre cinq ans et la parution d’October Road pour bercer nos oreilles. Après un album de Noël et Covers disque de reprises paru en 2008, ça sera au tour de Before This World en 2015 de nous être proposé, c’est à ce jour sa dernière livraison de compositions originales. Cinq ans plus tard, autrement dit cette année c’est à American Standard de se présenter.
American Standard est son vingtième album studio, comme son nom l’indique il s’agit de reprises de classiques du répertoire populaire américain. La production y est dépouillée et minimaliste si on excepte quelques moments un peu plus fournis. On peut remarquer l’absence d’orchestre symphonique contrairement à la majorité des œuvres de reprises du "Great American Songbook". Malgré le poids des années le timbre de voix n’a pratiquement pas changé et il sait toujours nous faire passer beaucoup d’émotions. Il s’accapare avec beaucoup de talent ces chansons pour les faire siennes.
Pour écouter American Standard dans de bonnes conditions, on peut imaginer que James Taylor nous a invité chez lui, il vient de s’installer au coin de sa cheminée avec ses musiciens et il va débuter un mini-concert privé rien que pour notre plaisir. C’est la meilleure façon d’aborder cet opus, et je pense que le bonheur sera au rendez-vous !
My Blue Heaven (Walter Donaldson / George A. Whiting) dont la version originale est sortie en 1927, inaugure avec seulement sa voix et sa guitare acoustique, et puis nous partons dans un registre "jazzy/folk", cette chanson recèle un parfum délicieusement "années folles", un vrai bonheur ! On ne présente plus Moon River (Henry Mancini / Johnny Mercer), célèbre morceau de Breakfast At Tiffany’s, film qui transforma l’actrice Audrey Hepburn en mythe. Me concernant, Henry Mancini fait partie de mes compositeurs préférés et quand James Taylor rencontre Mancini je suis aux anges ! Teach Me Tonight (Gene De Paul / Sammy Cahn) fut interprétée un nombre incalculable de fois, même Al Jarreau l’avait chanté sur Breakin’ Away en 1981. La production s’épaissie un peu sur cette excellente version avec notamment la présence de cuivres, mais l’émotion est bien présente et Teach Me Tonight est un des meilleurs moments de ce disque. As Easy As Rolling Off A Log (M.K. Jerome / Jack Scholl) date de 1938 et servit pour illustrer musicalement le cartoon Katnip College paru chez Merrie Melodies. Légèrement jazzy mais tout en gardant un esprit folk, Taylor sait parfaitement y faire pour moderniser cette chanson qui a plus de 80 ans ! La version originale de Almost Like Being In Love (Frederick Lowe / Alan Jay Lerner) date de 1947 et fut créée pour Brigadoon une comédie musicale de Broadway ! Gene Kelly l’a interprété tout comme Michael Johnson en 1978 sur The Michael Johnson Album. Les chœurs exceptionnels qui accompagnent le chant de James Taylor ne sont que moments de grâce, je ne m’en lasse pas ! Sit Down You’re Rockin’ The Boat (Frank Loesser) avait aussi été composée pour une comédie musicale de Broadway, pour Guys And Dolls exactement. Le groupe de Ted Templeman Harpers Bizzare l’avait interprété sur leur album The Secret Life Of Harpers Bizarre, Don Henley la chantera aussi pour le film Leap Of Faith. La version de Taylor est réjouissante et vous donnera à coup sûr "la banane" ! The Nearness Of You (Hoagy Carmichael / Ned Washington) est certainement déjà connu par beaucoup d’entre vous, c’est Glenn Miller en 1940 qui la fit entendre le premier, depuis les reprises se sont succédés et sur cette superbe "cover" on pourra admirer le jeu de trompette par Walt Fowler. You’ve Got To Be Carefully Taught (Richard Rodgers / Oscar Hammerstein II) date de 1949 et avait été présenté pour South Pacific, encore une fois une comédie musicale de Broadway. Ian Matthews la chantera sur Stealin’ Home en 1979. La voix de Taylor est en tout point exceptionnel et la production minimaliste achève de mettre en valeur son interprétation. God Bless The Child (Billie Holiday / Arthur Herzog, Jr.) est de la grande Billie Holiday, bien-sûr l’origine jazz du titre se ressent. Mais le choix de Taylor est de vraiment s’accaparer ces morceaux, bien-sûr il y réussit au-delà de nos espérances et nous les fait apprécier d’une autre façon ! C’était Bing Crosby qui avait créé Pennies From Heaven (Arthur Johnston / Johnny Burke) dans le film du même nom. Après l’introduction, quand le morceau démarre et prend son rythme de croisière, les frissons pourront peut-être vous parcourir, les chœurs, le solo d’orgue, que de magnifiques moments ! On remonte encore dans le temps avec My Heart Stood Still (Richard Rodgers / Lorenz Hart) elle fut chantée par Jessie Matthews, James Taylor est encore une fois magnifique quand il interprète. Ol’ Man River (Jerome Kern / Oscar Hammerstein II) est célèbre dans le monde entier, nous avons le droit de l’écouter et de l’apprécier religieusement. Elle fut écrite en 1927 pour la comédie musicale Show Boat. On ne compte plus le nombre de fois où It’s Only A Paper Moon (Harold Arlen / Yip Harburg / Billy Rose) fut chantée. Tiens revoilà les magnifiques harmonies vocales derrière la voix de James Taylor, c’est encore une fois tout simplement beau ! On va se dire au revoir avec The Surrey With The Fringe On Top (Richard Rodgers / Oscar Hammerstein II), juste James et sa guitare en toute intimité. Le concert est déjà terminé, et ça va être l’heure de déguster le champagne pour célébrer ce moment magique que l’on vient de passer au coin de la cheminée de son domicile. Merci beaucoup pour votre hospitalité et votre talent monsieur Taylor et à très bientôt.
Produit par : Dave O’Donnell, John Pizzarelli & James Taylor
Enregistré et mixé par : Dave O’Donnell
James Taylor : Chant, Guitare Acoustique
John Pizzarelli : Guitare Nylon 7 Cordes, Guitare Acoustique
Steve Gadd : Batterie
Luis Conte : Percussions
Jimmy Johnson : Basse
Viktor Krauss : Contrebasse
Larry Goldings : Melodica, Orgue Hammond b-3
Stuart Duncan : Violon
Jerry Douglas : Dobro
Lou Marini : Clarinette, Saxophone
Walt Fowler : Trompette, Flugelhorn
Arnold McCuller, Kate Markowitz, Andrea Zonn, Dorian Holley : Chœurs
Caroline Taylor : Chant sur The Surrey With The Fringe On Top
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Dernier commentaire :
Il existe tant de versions de Teach Me Tonight! 🙂 Mais je ne pense pas que l'on puisse comparer Sinatra à Taylor, ils viennent tous les deux d'horizons tellement différents et puis Sinatra était un "crooner", un chanteur à voix (et quelle voix! The Voice). James Taylor ne s'inscrit pas dans ce registre, j'adore sa version, je trouve qu'il interprète merveilleusement bien et puis la qualité de l'instrumentation est vraiment formidable! 🙂. N'oublie pas de t'identifier comme tu es membre avant de poster un commentaire, je peux ainsi te taguer sur le site pour te répondre et tu seras prévenue que je t'ai répondu. Oui je vais mettre des liens YouTube, il faut que j'y pense. Mais j'en mettrai dans le corps des chroniques. Il faut juste que je redemande à mon fils comment on fait ! 😂
posté le : May 21, 2020 10:40
J'apprécie toujours l'exhaustivité de la rubrique, et il faudrait que j'entende un extrait de chaque morceau en lisant. Là je suis allée chercher "Teach me tonight" et je dois dire que je préfère de loin la version Sinatra dans le superbe album "LA is my lady". D'ailleurs, subitement j'ai envie d'écouter ce morceau 😉
posté le : May 20, 2020 23:08