Cycles (1989)

Les Doobie Brothers sont apparus sur le devant de la scène musicale durant la première partie des années 70. Dès leur second album Toulouse Street ils rencontrèrent un très grand succès avec les tubes Listen To The Music et Jesus Is Just Alright. Originaires de la Californie du nord et non du sud, ils débutèrent leur carrière à San Jose, ville se situant dans la "Frisco Bay area" !

Ils se présentèrent tout d’abord sous la forme d’un quatuor avec Tom Johnston, Patrick Simmons, John Hartman et Dave Shogren, mais ce dernier tira sa révérence dès leur second opus Toulouse Street. Pour le remplacer ils recrutèrent deux nouveaux membres, Michael Hossack (second batteur) et Tiran Porter à la basse. Leur musique se situait alors dans un rock énergique à influence sudiste avec des titres plus "folk" voir "soft rock", le tout additionné à de magnifiques harmonies vocales typiquement californienne. 1976 verra un changement majeur avec l’arrivée de Michael McDonald qui prendra le leadership avec la mise en retrait de Tom Johnston et ce jusqu’à leur séparation en 1982. L’orientation musicale s’en ressentira, le "rock" fut délaissé pour une "blue-eyed soul" avec laquelle ils rencontrèrent un nouveau public et un succès très important.

Juste après leur dernière tournée, Michael McDonald fera paraître If That What It Takes (1982) son premier disque en solo, Patrick Simmons l’imitera un an plus tard avec Arcade (1983). Tom Johnston avait quant à lui déjà sorti deux albums, avec le très bon Everyting You’ve Heard Is True en 1979 et le moins convaincant Stills Feels Good en 1981, et puis plus rien... Plus rien jusqu’en 1989, année de la reformation des Doobies avec le line-up de Toulouse Street, à savoir Tom Johnston, Patrick Simmons, Tiran Porter, John Hartman et Michael Hossack auxquels viendra se joindre le percussionniste Bobby LaKind, qui, après avoir joué sur scène et sur leurs albums depuis 1976 avait officiellement intégré le groupe peu avant leur séparation.

Cycles fut donc leur dixième album studio, en l’absence de Michael McDonald, l’orientation musicale était un retour aux sources, avec Tom Johnston ayant retrouvé son rôle de leader ! Côté production ce n’est plus Ted Templeman qui est aux manettes mais un trio formé de Eddie Schwartz, Charlie Midnight et Rodney Mills. La réussite fut totale, tous les morceaux sont inspirés, magnifiquement interprétés et il ressort de ce disque une puissance rarement atteinte par les copains de San Jose ! Artistiquement irréprochable, il se classera à la 17^e place du Billboard 200, et les titres The Doctor et Need A Little Taste Of Love atteindront respectivement les 9^e et 45^e places du Billboard Hot 100 !

Nous débutons avec The Doctor (Tom Johnston / Charlie Midnight / Eddie Schwartz) piano et guitare en avant, ce titre dégage une belle puissance agrémentée de chœurs aériens, c’est convaincant dès la première écoute, il n’y a pas de doute les Doobies sont de retour et au meilleur de leur forme ! On continue avec One Chain (Don’t Make No Prison) (Dennis Lambert / Brian Potter) créé à l’origine par les Four Tops, Santana en fera une reprise disco sur Inner Secrets en 1978 ! Cette version est remarquable, mêlant habilement le "rock" et le "rhythm & blues", et les cuivres des Memphis Horns sont présents ! on retrouve un peu de calme avec l’introduction de la brillante Take Me To The Highway (Patrick Simmons / Dale Ockerman / Tom Fedele / Charlie Midnight / Eddie Schwartz), le nom de cette chanson n’est pas usurpé puisqu’il convient parfaitement pour voyager à travers les grands espaces du sud-ouest des Etats-Unis. Avec South Of The Border (Tom Johnston) on retrouve avec plaisir une composition qui nous ramène au meilleur de la première époque du band ! Time Is Here And Gone (Bobby LaKind / John McFee / Keith Knudsen) offre deux facettes, des couplets plutôt paisibles pour ensuite accélérer au moment du refrain. Je trouve que cette chanson possède un côté "vintage", à ce propos les premiers accords du solo de guitare rappellent La Bamba de Richie Valens. Les Doobie Brothers se sont appropriés de façon admirable Need A Little Taste Of Love (Marvin Isley / Ernie Isley / Ronald Isley / O’Kelly Isley / Rudolph Isley / Chris Jasper), morceau des Isley Brothers ! Pour peu on jurerait que c’est une composition de Tom Johnston, c’est un moment vraiment formidable de Cycles ! On retrouve avec plaisir l’écriture musicale de Patrick Simmons sur I Can Read Your Mind (Patrick Simmons / Dale Ockerman), j’ai un faible pour ce titre avec ses harmonies vocales en cascade comme sait magnifiquement le faire Simmons ! La mélodie vous séduit dès la première écoute pour ne plus vous lâcher par la suite ! On remarque quand même que Michael McDonald est venu donner un coup de main pour la composition de Tonight I’m Coming Through (The Border) (Bobby LaKind / Michael McDonald), plutôt sur un rythme mid-tempo, on notera la présence d’un saxophone et ce morceau se déroule parfaitement, la mélodie fait mouche et les harmonies du refrain sont merveilleuses ! On continue avec l’exceptionnel Wrong Number (Tom Johnston) ça groove magnifiquement, décidément Johnston est inspiré et dans une forme resplendissante sur ce disque ! L’intro de Too High A Price (Bobby LaKind / Zeke Sirngeibel / John Herron) sent bon la poussière du désert, on pourrait se croire dans une ville fantôme au fin fond du désert de l’Arizona ! C’est Patrick Simmons qui tient le lead et l’interprète de façon magistrale !

Encore une fois il n’y a rien à mettre de côté sur ce disque, quant à moi je range sans hésiter Cycles parmi les meilleures livraisons des "frères pétard", et peut-être même sur le podium !

Produit par : Eddie Schwartz, Charlie Midnight, Rodney Mills

Enregistré par : Tom Sadzeck, Devon Bernadoni, Jim Gaines, Rodney Mills et Jeffrey Norman

Remixé par : Brian Wayy

The Doobie Brothers :

Tom Johnston : Chant, Guitares

Patrick Simmons : Chant, Guitares

Tiran Porter : Basse, Chœurs

John Hartman : Batterie, Chœurs

Michael Hossack : Batterie, Percussions

Bobby LaKind : Percussions, Chœurs

Musiciens additionnels :

Bill Payne, Kim Bullard, Dave Tyson, Dale Ockerman, Phil Aaberg : Claviers

Don Frank : Batterie électronique

The Memphis Horns :

Wayne Jackson, Andrew Love