Denizen Tenant (2021)

C’est en 2010 que Joseph Williams a réintégré Toto, à l’occasion de la tournée pour venir en aide à Mike Porcaro atteint de la maladie de Charcot. Par la suite que ce soit sur les différentes tournées, sur l’album XIV ou encore les inédits du coffret All In, il est devenu un membre essentiel du groupe qui a fêté ses quarante ans en 2018 !

Concernant sa carrière en solo, celle-ci avait débuté en 1982 avec un premier album éponyme pour ensuite reprendre en 1996 avec I Am Alive (voir la chronique sur ce site), suivi du 3 en 1997 et plus récemment de This Fall en 2008, je mets volontairement de côté Two Of Us, Tears et Smiles tous trois parus respectivement en 2006 et 2007 qui ne sont que des disques de reprises piano-voix pour le marché japonais.

Si nous remontons à 2008, This Fall m’avait laissé sur ma faim, en effet j’ai un avis très mitigé sur cet effort ne comportant pas vraiment de fil conducteur, une impression de disque décousu et mis à part deux ou trois chansons, le reste de cet opus se révèle très passable. Mais avec Denizen Tenant Joe Williams remet les pendules à l’heure et en même temps l’église au milieu du village, en effet, au fil des écoutes cet album se révèle être le meilleur de sa discographie.

Sorti en même temps que celui de Steve Lukather, sur le même label et arborant le même design, Denizen possède un son, une profondeur, une richesse et parfois une gravité qu’aucuns de ses prédecesseurs ne dégagent. Douze chansons dont deux reprises le composent, et mis à part Liberty Man et à un degré moindre The Dream, il a su s’émanciper musicalement de son groupe, et ceci est plutôt à mettre à son crédit, car à titre personnel je n’attends pas que Williams en solo nous raconte éternellement la même histoire de Toto !

Never Saw You Coming (Joseph Williams / Barry Bregman) ouvre le feu, dès les premiers instants nous nous apercevons de l’épaisseur du son, la production est brillante, l’originalité est au rendez-vous, tout est parfaitement mis en place et au bout de quelques écoutes, il est évident que nous sommes face à une de ses meilleures chansons ! Liberty Man (Joseph Williams / David Paich) est le moment le plus "totoesque", c’est normal puisqu’il a été co-écrit avec David Paich ! C’est un titre agréable et qui ravira les amateurs du groupe à l’épée ! La chanson éponyme Denizen Tenant (Joseph Williams / Steve Overton) est d’une approche plus complexe, extrêmement riche dans sa progression mélodique, ainsi que dans son instrumentation et ses changements de tempo, un peu déroutante à la première écoute mais qui se révèle par la suite terriblement efficace. La ballade Wilma Fingadoux (Joseph Williams) déjà extraite en single est un hommage à sa mère aujourd’hui disparue. Mise hors du contexte de cet album elle fut un tantinet décevante, mais replacée dans le déroulement de Denizen, elle y prend toute sa saveur. La richesse et l’originalité mélodique de Black Dahlia (Joseph Williams / Jay Gruska) vous sautera aux oreilles pratiquement dès le départ, les arrangements sont admirables et nous y apprécierons le Hammond B3 joué par Paich ainsi que la guitare de Michael Landau ! Don’t Give Up (Peter Gabriel) est un des titres phares des années 80 et il n’est jamais aisé de s’attaquer à un tel monument ! Mention très bien pour Williams, qui tout en gardant l’esprit de l’originale y apporte sa touche personnelle, à noter la brillante participation de sa fille Hannah Ruick ! La pépite The Dream (Joseph Williams) est un de mes titres préférés, nous pouvons par moment légitimement penser à Fortune (Toto XIV), mais pas seulement, The Dream se distingue par un refrain entêtant et par une production sans faute ! Remember Her (Joseph Williams / Paul Gordon) est un mid-tempo bénéficiant de la guitare de Steve Lukather, ce morceau révèle sa force au fur et à mesure des écoutes ! No Lessons (Jay Gruska / Denise Gruska) est une jolie ballade débutant tranquillement piano-voix, l’arrivée de la trompette de Steve Tavaglione lui donne un relief particulier, et puis ça fait plaisir de retrouver une composition de son beau-frère Jay Gruska (Maxus) ! Mistress Winter’s Jump (Steven Overton) se décline sur un rythme de valse, on y admirera encore une fois la richesse de la production et du son imprimé sur cet album ! If I Fell (John Lennon / Paul McCartney) est une reprise d’une des premières ballades des Beatles, nous ramenant tout droit vers les années 60, il en ressort une certaine naïveté et joie de vivre, une époque où tout semblait léger et plus facile ! C’est World Broken (Joseph Williams / Barry Bregman) qui tire le rideau, et cette chanson est un des moments que je préfère, presque magique ! Quelle belle mélodie, les arrangements ne sont pas en reste et quel final magnifique ! Vous l’aurez compris ne passez pas à côté de Denizen Tenant !

Produit par : Joseph Williams

Sauf Black Dahlia et No Lessons produit par : Jay Gruska

Wilma Fingadoux co-produit par : Dylan Ronan

Mixé par Dave Way

Joseph Williams : Chant, Arrangements des voix, Piano, Claviers, Synthétiseurs, Programmations des batteries et des basses

Hannah Ruick : Chant sur Don’t Give Up, Chœurs

Simon Phillips, Mark T. Williams : Batterie

Leland Sklar, Nathan East : Basse

Steve Lukather, Michael Landau, Oscar Bugarin : Guitare

David Paich : Orgue Hammond B3

Jay Gruska : Piano Electrique et Synthétiseurs, Piano, Programmations des basses et de la Batterie, Arrangements des Cordes

Jeff Babko : Fender Rhodes, Hammond B3

Steve Overton : Basse, Guitare

Dylan Ronan : Programmations de Batteries Basses et Synthétiseurs

Lenny Castro : Percussions                                              

Barbara Gruska : Programmations Percussions et Batteries

Steve Tavaglione : EWI Muted Trompette

Ray Williams, Weston Wilson : Chœurs

Judy Boots : Chant

Tina Guo : Violoncelle