Lorsque le groupe Chicago envisage l’enregistrement de son treizième album, le moral n’est pas forcément au beau fixe, leur popularité périclite et leurs ventes s’effondrent. Il faut dire que le XIV (1980) fut un échec commercial retentissant, ne dégageant aucun tube et qui faillit précipiter leur séparation. Suite à cette déception, le percussionniste Laudir de Oliveira s’en ira et Peter Cetera eut envie de voler de ses propres ailes en faisant paraître son premier LP en solo (1981).
Chicago XIV devait être leur dernier opus pour le label Columbia, un contrat fut signé avec Warner Bros pour l’album 16. Après s’être assuré les services de David Foster en tant que producteur, les enregistrements pouvaient débuter. Foster qui venait de produire Runaway (1981) de Bill Champlin arriva en compagnie de ce dernier dans ses bagages. L’idée était de changer radicalement le son de Chicago en se servant de tous les nouveaux outils que la technologie commençait à offrir en ce début des années 80.
Au niveau des compositions, David Foster y tient un rôle prépondérant, Robert Lamm fut mis sur la touche et Bill Champlin donne sa première chanson à son nouveau groupe. Trois membres de Toto furent appelés pour les sessions, David Paich et Steve Lukather co-signent également un morceau en compagnie de Foster.
L’objectif fut atteint, Chicago 16 remporta un grand succès critique et commercial, et il signa le retour du "band" en haut des "charts" ! Il se classera à la 9e place du Billboard 200 et fut disque de platine! Le single Hard To Say I’m Sorry, quant à lui, grimpera tout en haut du Billboard Hot 100! Le matériel proposé ici est d’une grande qualité et aux antipodes du XIV.
C’est l’excellent What You’re Missing (Jay Gruska / Joseph Williams) qui revêt l'insigne honneur d’inaugurer cet album! Morceau composé par Jay Gruska (Maxus) et Joseph Williams encore inconnu à l'époque (il fera parler de lui quelques années plus tard). Guitare incisive, cuivres en avant, et la voix de Cetera déroulant parfaitement cette chanson faisant mouche! Avec What You’re Missing, une chose saute aux oreilles, c’est le son! Homogène, compact, énergique, à n’en pas douter c’est un nouveau Chicago qui vient d’éclore ! Sur Waiting For You To Decide (David Foster / David Paich / Steve Lukather), Toto est bien entendu passé par là, les notes de piano de Paich, la guitare de Lukather, et pour la première fois chez Chicago, Cetera et Champlin se partageant le chant, la voix de ce dernier mettant en avant son côté "soul" et chaleureuse, complète parfaitement celle de Cetera! Bis repetita du côté des voix pour Bad Advice (Peter Cetera / David Foster / James Pankow), j’ai toujours aimé ce titre dont le refrain est un moment de bonheur mélodique, nous pouvons également noter la mise en valeur de la section cuivres par une production au millimètre ! Chains (Ian Thomas) est moins inoubliable, les couplets sont plutôt intéressants, cependant le refrain n'est pas grandiose, Foster fait ce qu’il peut pour relever le niveau, mais l’ensemble ne convainc pas forcément! Avec Hard To Say I’m Sorry/Get Away (Hard To Say I’m Sorry : Peter Cetera / David Foster - Get Away : Peter Cetera / David Foster / Robert Lamm) nous tenons un final de première face du vinyle en forme d’apothéose! En effet Hard To Say se rapproche de la ballade ultime, le genre de chanson qui scotche dès la première écoute, l'interprétation formidable de Peter Cetera magnifie une mélodie qui fait irrémédiablement chavirer votre coeur d’adolescent ! Get Away poursuit sous forme de feu d’artifice d’un peu plus d’une minute trente, instrumental exceptionnel dans un premier temps avec une petite partie chantée pour conclure! On peut relever que Hard To Say n’a que moyennement fonctionné chez nous en France, alors qu’elle a cartonné dans pratiquement tous les pays occidentaux!
La face B du vinyle s’ouvrait avec Follow Me (David Foster / James Pankow), Bill Champlin y tient le "lead", morceau puissant, avec toujours un excellent compromis entre guitares et claviers, mais malgré ses qualités, Follow Me n’est pas à ranger parmi les meilleurs moments. Sonny Think Twice (Bill Champlin / Danny Seraphine) regorge de soul et la voix de Champlin y est pour beaucoup! Chanson de premier choix que je range forcément parmi les passages remarquables de cette oeuvre! Sonny Think Twice était aussi la face B du 45 tours de Hard To Say I’m Sorry! Avec What Can I Say (David Foster / James Pankow) nous faisons un petit tour fort agréable dans la "pop song westcoast"! Les accords de claviers, la rythmique, la qualité du refrain, couplés à la voix de Cetera font de What Can I Say un must ! Sur l’introduction au synthétiseur de Rescue You (Peter Cetera / David Foster) nous pouvons y reconnaître le son Toto, Steve Porcaro est certainement passé par là, quant au solo de guitare il ne peut s’agir que de Steve Lukather. Finalement c’est une plage sympathique mais pas indispensable, comparé au reste du matériel proposé. L’album se concluait avec la ballade Love Me Tomorrow (Peter Cetera / David Foster), elle fut le second single, atteignant la 22e place du Billboard Hot 100. Une ballade attrayante mais dotée d’un refrain moins percutant que Hard To Say I’m Sorry ! Pour l’anecdote les deux clips vidéos illustrant Hard To Say et Love Me Tomorrow furent tournés le même jour!
En 2006 Rhino Records rééditait ce disque entièrement remastérisé avec en bonus track Daddy’s Favorite Fool (Bill Champlin)!
Chicago 16 est un disque qui a marqué son époque et signait le grand retour sur le devant de la scène de ce groupe mythique!
Produit par : David Foster
Enregistré et mixé par: Humberto Gatica
sauf Hard To Say I’m Sorry/Get Away mixé par: Bill Schnee
Arrangements des rythmes : Peter Cetera, Danny Seraphine et David Foster
Arrangements des cuivres: James Pankow
Arrangements additionnels des cuivres: David Foster
Arrangements des choeurs: Bill Champlin et Peter Cetera
Arrangements des cordes sur Hard To Say I’m Sorry et Love Me Tomorrow: Jeremy Lubbock avec Peter Cetera et David Foster
Premier violon: Assa Drori
Chicago:
Robert Lamm: Pianos, Claviers, Percussions, Chant et Choeurs
James Pankow: Trombone, Percussions et Choeurs
Lee Loughnane: Trompette, Bugle, Cornet à piston, Guitare, Percussion et Choeurs
Peter Cetera: Basse, Guitare Acoustique, Chant, Choeurs
Bill Champlin: Pianos, Claviers, Chant et Choeurs
Danny Seraphine: Batterie et Percussions
Walter Parazaider: Saxophones, Flutes, Clarinette
Musiciens additionnels:
David Foster: Claviers
Steve Lukather, Chris Pinnick, Michael Landau: Guitares
David Paich: Synthétiseur
Steve Porcaro: Programmations des Synthétiseurs
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Dernier commentaire :
C'est certain et j'ai l'impression que certains membres fondateurs ont la mémoire qui s'est arrêtée à la fin des années 70...
posté le : May 25, 2022 14:34
Les membres fondateurs du groupe peuvent remercier David Foster, qui leur a permis avec succès de prolonger leur carrière jusqu'à nos jours, même si il en a changé l'adn musical. En ce qui me concerne, c'est le son de Chicago que je préfère et qui fait que le nom CHICAGO a tant de fois été associé à celui de TOTO, notamment dans les albums "Westcoast" en provenance du Japon.
posté le : May 25, 2022 12:54
Cet album marque un peu leur résurrection, mais je trouve le 17 légèrement supérieur.
posté le : May 24, 2022 23:11
Il faut que je ré écoute cet album et que je me refasse une cure de ce groupe mythique...Merci Jean Philippe pour cette excellente chronique qui donne envie de se replonger dans leur discographie !!
posté le : May 24, 2022 23:06
Oui, avec bien évidemment les gars de Toto qui font le job sur ce disque !
posté le : May 24, 2022 23:05
1982, année de tant de chef-d'oeuvres et celui-là en fait incontestablement partie !
Chicago, Foster et...........aussi TOTO au top !
posté le : May 24, 2022 23:04
posté le : May 24, 2022 16:40
posté le : May 24, 2022 16:39