Mon compte
logo

The Nightfly (1982)

image : The Nightfly (1982)

 

Quand Donald Fagen sort The Nightfly en octobre 1982, beaucoup de journalistes et spécialistes ignorent encore quel rôle réel il tenait dans les compositions de Steely Dan? Etait-ce Walter Becker qui apportait le plus son savoir faire de compositeur ou était-ce Don Fagen, voir les deux? La réponse fut donnée avec la parution du premier disque en solo de ce dernier!

 

The Nightfly fait figure aujourd’hui de monument musical, dépassant largement le genre "westcoast", il a d’ailleurs conquis un large public venu de divers horizons musicaux! En écoutant cette oeuvre, plusieurs adjectifs peuvent venir à l’esprit : élégant, classe, séduisant, inspiré, sophistiqué, raffiné, brillant, etc. ! Et c’est vrai que The Nightfly est tout ça à la fois! On savait que Fagen et Becker avaient touché le divin avec Aja (1977), mais nous ne savions pas que Fagen sans Becker allait effleurer les anges avec cet opus!

 

Après l’excellent Gaucho (1980), le duo décidait de mettre un terme à leur collaboration en 1981, leur relation était devenue très compliquée en grande partie à cause de leur obsession de la perfection, l’enregistrement de Gaucho fut assez chaotique de ce point de vue! 

 

La fabrication de The Nightfly se déroula aux studios Soundworks Digital Audio/Video, Automated Sound à New York et au studio Village Recorders à Los Angeles. Au niveau des consoles ce fut l’équipe de Steely Dan qui fut recruté ; Gary Katz à la production, Roger Nichols comme ingénieur du son et Elliot Scheiner au mixage! On peut aussi remarquer que The Nightfly fut le premier enregistrement entièrement numérique dans l’Histoire de la musique populaire! Du côté des compositions, Fagen a privilégié un côté plus "jazzy", par rapport à ses chansons avec le Dan et pour les paroles, un ton moins ironique, puisque le concept The Nightfly se veut surtout autobiographique!

 

En France certaines critiques musicales ont trouvé ce disque futuriste et dixit ces mêmes critiques, "Fagen venait d’inventer le jazz de l’an 2000" ! En vérité, ce n’est pas un album jazz à proprement parler, mais beaucoup d’éléments venant du jazz le composent, le côté soft rock est également exploré, mais aussi d’autres genres musicaux ! 

 

Pour l’anecdote Fagen était obsédé par la piste de batterie parfaite, et plusieurs batteurs sont crédités sur l'album, parfois sur la même chanson. Par exemple on remarque que James Gadson et Jeff Porcaro sont présents sur I.G.Y., le premier jouant de la caisse claire, de la grosse caisse et du charleston, et le second effectuant juste les remplissages de tom-tom!

 

Commercialement le disque se hissa à la 11e place du Billboard 200, pour les singles, I.G.Y. arriva à la 26e position du Billboard Hot 100 et New Frontier à la 70e place! The Nightfly reçut d’excellentes critiques et fait office à juste titre d’album culte et de référence!

 

Dès les premiers accords de I.G.Y. (What A Beautiful World) (Donald Fagen) nous savons déjà que ce titre va tutoyer l’excellence, une ambiance cool et optimiste est privilégiée! Côté musique, le son westcoast est bien présent, les harmonies vocales font penser aux groupes de jazz vocales comme Manhattan Transfer pour ne citer qu’eux et la guitare de Larry Carlton virevolte pour le plus grand plaisir de nos oreilles! Green Flower Street (Donald Fagen) continue de nous émerveiller, les arrangements, l’instrumentation, les harmonies vocales, tout est parfait! Richard Page en fera un belle reprise en 2000 sur l’album Birdland du japonais Masanori Sasaji! Ruby Baby (Jerry Leiber / Mike Stoller - arrangé par Donald Fagen) fut à l’origine interprété pour la première fois par les Drifters en 1956, ici Fagen revisite ce standard en y apportant sa touche personnelle! En écoutant Ruby Baby je me suis toujours imaginé en pleine "night party" au bord d’une piscine par une chaude soirée d’été, surtout au moment du final! Mention particulière pour Greg Phillinganes! Maxine (Donald Fagen) est une ballade jazzy vraiment formidable, mettant en avant un côté vintage tout en étant très moderne! L’ambiance du clip vidéo promotionnel de New Frontier (Donald Fagen) fait la part belle aux années 50 et au début des années 60, la guerre froide, l’abri anti-atomique, le jazz, le jeune adulte maladroit avec sa copine, etc. New Frontier met encore en avant le jeu de guitare de Larry Carlton, Ed Greene assure à la batterie tel un métronome et Abraham Laboriel est au meilleur de sa forme à la basse! Dommage que New Frontier ne put atteindre les sommets du Billboard! The Nightfly (Donald Fagen) dresse le portrait d’un DJ de radio, bien-sûr ce titre est également exceptionnel, mais vu que tout est superbe dans ce disque je ne vais le dire à chaque chanson! J’ai toujours adoré le passage au moment où les choristes chantent “an independant station” et Fagen enchainant “WJAZiiiiiii” ! Avec The Goodbye Look (Donald Fagen) c’est la bossa nova qui est mise à l’honneur, une bossa raffinée et chatoyante! On se quitte sur un rock à l’ancienne avec Walk Between Raindrops (Donald Fagen), mais qui comporte quand même sa part jazzy au niveau des harmonies vocales ! Excellent final pour cet album d’exception, qui mérite de figurer parmi les meilleures oeuvres de la musique du 20e siècle !


 

Produit par : Gary Katz

Enregistré par : Roger Nichols

Ingénieur du son : Daniel Lazerus

Mixé par : Elliot Scheiner

 

Donald Fagen: Chant, Synthétiseurs, Piano, Piano électrique, Orgue, Synthétiseur Blues Harp, Arrangements des Cuivres, Choeurs

 

Greg Phillinganes: Piano électrique, Clavinet, Piano, Synthétiseurs, Synthétiseur basse

Rob Mounsey: Synthétiseurs, Arrangements des Cuivres

Michael Omartian: Piano, Piano électrique

Larry Carlton, Dean Parks, Rick Derringer: Guitares

Steve Khan: Guitare acoustique

Hugh McCracken: Guitare, Harmonica

Starz Vanderlocket: Percussions

Roger Nichols: Percussions

Jeff Porcaro, Ed Greene, Steve Jordan, James Gadson: Batteries

Chuck Rainey, Marcus Miller, Will Lee, Anthony Jackson, Abraham Laboriel: Basses

 

Randy Brecker: Trompette, Bugle

Michael Brecker: Saxophone Ténor

Dave Tofani: Saxophone Alto

Ronnie Cuber: Saxophone Bariton

Dave Bargeron: Trombone, Euphonium

 

Valerie Simpson, Zack Sanders, Frank Floyd, Gordon Grody, Daniel Lazerus, Leslie Miller: Choeurs

 

Lire la suite ...
Vous avez aimé ce contenu ? Soutenez : pacificsummersound . Faire un don

Vous devez être connecté pour poster un message.

Dernier commentaire :

Jean-PhilippeRéjou

Oui, tu as raison, effectivement, concernant calypso ! 

posté le : November 2, 2022 18:52

Repondre
Jean-PhilippeRéjou

Merci beaucoup ! 😊

posté le : November 2, 2022 18:51

Repondre
ValeanoValeani

Une pochette comme un signe de reconnaissance de société secrète, qu'on photographie à côté de sa platine pour essayer de fixer le temps qui passe, mi vanité et mi évasion vers des temps qu'on voit volontiers meilleurs dans le rétro. "An independent station...": you pinned it, JPhi  et je ne me suis jamais sentie aussi comprise dans ma solitude de teen-ager condamnée d'avance que quand il poursuit "with jazz and conversation, from the foot of Mount Belzoni". Tellement adapté pour l'égyptologue empêchée qui savait que c'était foutu pour aussi longtemps que pour Papillon. 
Merci pour cette chronique documentée et concise en même temps, qui vise juste côté feeling. Un pinaillage : plutôt calypso que Bossa sur "Goodbye Look" (ce qui n'est pas étonnant au vu de l'attrait de la musique de Sonny Rollins pour DF). 

posté le : July 14, 2022 11:19

Repondre
GoldCoast

L'album parfait. De plus, il fait partie de ceux dont la pochette m'a toujours fasciné. Il y a un côté polar, film noir dans cette photo. Merci pour cette super chronique, qui permet d'en apprendre plus, comme toujours.

posté le : June 28, 2022 22:17

Repondre
Jean-PhilippeRéjou

Merci beaucoup Jean ! Et merci pour tes sets qui sont un vrai plaisir pour les oreilles !😊

posté le : May 27, 2022 16:53

Repondre
DoctorSoul

encore une excellente chronique de Jean-Philippe !

Bravo pour ton implication et ta passion Jean-Phi, qui nous fait super plaisir tous les jours 👍👍✌️

posté le : May 27, 2022 12:59

Repondre
Jean-PhilippeRéjou

Merci beaucoup pour ton commentaire! De faire une chronique prend du temps mais la musique est une passion c'est toujours très agréable de commenter ce que l'on aime! 🙂

posté le : May 27, 2022 10:16

Repondre
Gigi

À album brillant, chronique brillante et extrêmement documentée. Merci Jean-Philippe... Je me doutais bien qu'au niveau de la section rythmique, il y avait la patte du regretté Jeff Porcaro, mais pas que... Allez, je replonge dans mon adolescence à Nice en diffusant ce merveilleux "Nightfly" !

JJN

posté le : May 27, 2022 09:21

Repondre
Jean-PhilippeRéjou

Merci beaucoup pour ton commentaire ! Oui je me souviens que Bernard Lenoir dans Feedback le diffusait, Lenoir était plus rock anglais et new-wave dans sa programmation, mais il lui arrivait de temps en temps passer des artistes américains. Steely Dan et Fagen en faisaient partie! 😉

posté le : May 26, 2022 13:32

Repondre
Eramanu

Trres belle chronique . Et chef d'oeuvre. Ecoute chez Bernard Lenoir un soir. du coup la nostalgie est d'ecouter ce bijou le soir tard. J'avais ete frappe à la fois par la modernité (les claviers sequencer ) et le cote old school de cet album . et bien sur le son net et précis. 

 

posté le : May 26, 2022 13:19

Repondre
Jean-PhilippeRéjou

Merci beaucoup Cathy pour ton commentaire ! Cet album a marqué toute une génération, et au-delà ! Du moins tout ceux qui se sont donnés la peine de l'écouter ! 🙂

posté le : May 26, 2022 06:34

Repondre
Cathy

Un album d'exception, élégant et brillant pour reprendre certains de tes mots si bien choisis. Merci pour cette excellente chronique!

posté le : May 25, 2022 23:18

Repondre
Jean-PhilippeRéjou

posté le : May 25, 2022 21:36

Repondre
Jean-PhilippeRéjou

posté le : May 25, 2022 21:35

Repondre
Vous avez aimé ce contenu ?
Soutenez :
Faire un don