L.A. Rainbow (2024)

Après son album éponyme de 1978, considéré à juste titre comme un incontournable (voir la chronique sur ce site), Dane Donohue avait disparu corps et bien du music business ! Le français Frédéric Slama l’avait retrouvé durant les années 2000, pour interpréter quelques titres et puis à nouveau plus rien. On se disait alors que nous ne reverrions plus jamais cet auteur-compositeur-interprète de talent et la probabilité d’écouter un nouvel album de sa part était très faible !

C’était sans compter sur John Nixon, l’initiateur et leader de Page99, projet qui, depuis quelques années, fait partie du "westcoast/aor revival" auquel nous assistons, appelé aussi maintenant Yacht Rock ! En effet, durant l’année 2023, Nixon avait fait appel à Donohue pour interpréter le titre Sunrise On The Water figurant à l’origine sur le premier album de Page99 paru en 2021. Enfin, au début de l’année 2024, l’information a filtré sur les réseaux sociaux, Dane Donohue allait nous livrer un nouvel opus au nom évocateur de L.A. Rainbow, sous la direction de John Nixon ! Pour la majorité des amateurs de calif., c’était la nouvelle de l’année !

Le moment de la parution fut fixé durant la chaleur estivale, plus précisément au mois d’août. Disponible partout en numérique, il n’est paru physiquement que chez nos amis nippons, sur le label P-Vine. À l'heure actuelle P-Vine est pratiquement le seul label japonais faisant la part belle aux nouveautés calif. ! Que Toshikazu Kanazawa en soit remercié avec sa série Light Mellow !

Dans cette chronique, il ne s’agit pas de comparer les deux albums, le premier était sorti durant une période bien spécifique. En effet, en 1978, tout bouillonnait avec une forte effervescence à L.A. en matière de musique, ce qui donnait lieu à une saine émulation. Les maisons de disques gagnaient énormément d’argent et n'hésitaient pas à investir de grosses sommes sur de nouveaux artistes, même si parfois la promotion ne suivait pas toujours. Le soft rock californien se vendait plutôt pas mal et était souvent un refuge pour des oreilles qui ne supportaient pas ou plus le disco qui régnait alors en maître. Le premier disque de Dane Donohue parut dans ce contexte, c’est ainsi qu’en plus de quelques fines lames des studios californiens, on pouvait y entendre des stars de l’époque comme Stevie Nicks (Fleetwood Mac), Don Henley (Eagles), etc. Aujourd'hui, comme vous le savez, l’univers musical est complètement différent, L.A. Rainbow sort à un moment où un retour du soft rock se fait jour, ce n’est peut-être pas un hasard, même si ça reste pour le moment assez confidentiel. 

Alors cet album me direz-vous, que vaut-il ? 46 ans après, ce n’est pas facile de ne pas décevoir les amateurs de la première heure, ils ont pris de l’âge et sont devenus par conséquent très exigeants ! Et bien, rassurez-vous, nous y trouvons notre compte et par moments, L.A. Rainbow peut même nous faire décoller et nous ramener durant cette époque musicale bénie des dieux, pour nous, synonyme de jeunesse !

Avec High Life Dream (Dane Donohue / K. Franklin / John Nixon) le ton est donné, on ouvre sur une longue nappe de synthétiseur imitant des cordes, pour accoucher d’un titre au son proche de Page99, normal lorsque l’on connaît le producteur. Les chorus de guitare de Ole Borud font penser à Jay Graydon et l’on s’aperçoit que Dane Donohue n’a rien perdu de sa finesse d’écriture et 46 ans après son premier album, sa voix est restée pratiquement intacte ! Quant à la chanson à proprement parler, c’est une road-song westcoast, idéale pour “cruiser” le long de l’océan ! Les frissons sont de mise sur Lonely Day In Paradise (Dane Donohue), Donohue est à son meilleur, le pseudonyme "Mister Cool", lui conviendrait parfaitement, (s’il n’était déjà pris par Michael Franks), on y reconnaît sa patte, et dès la première écoute nous savons que nous avons à faire à un classique ! Un petit tour du côté du country rock à la Eagles avec Going Down (Dane Donohue), outre la présence bienvenue d’un saxophone, nous pensons à Lyin’ Eyes en plus lent, il est à noter que sur le premier opus de Donohue il n’y avait pas de référence au country rock. Avec Chinatown (Dane Donohue / D. Lynn White) on retourne dans la pure calif. soft rock, c’est toujours un sans faute et nous ne pouvons que ressentir un certain plaisir auditif en pensant que des chansons de cet acabit en 2024, c’était plutôt inespéré ! Retour à nouveau vers la country avec l’excellent Fair Enough (Dane Donohue), un refrain accrocheur dont l’atmosphère nous transporte au milieu d’une fête traditionnelle dans une petite ville des Etats-Unis ! Le titre éponyme L.A. Rainbow (Dane Donohue) est un classique instantané ! L’introduction avec les paroles “Driving east onto sunset, comin’ out of Bel Air”, pose le décor et ce titre se clôt comme Casablanca qui ouvrait son LP de 1978 ! Le superbe Own This Heartache (Dane Donohue) fait irrémédiablement penser aux Eagles avec la présence d’une pedal steel guitare. Comme je l’ai écrit un peu plus haut, les chansons aux arrangements country rock qui composent ce disque sont une des surprises de L.A. Rainbow, car l’autre surprise c’est Let It Go (Dane Donohue / D. Lynn White), titre aux sonorités jazz, nous découvrons Donohue dans un style crooner, il nous invite à l’accompagner dans un genre que l’on ne lui connaissait pas ! Le CD se clôt avec Sunrise On The Water (John Nixon / Russ Kirkpatrick / Colton Wheatherston / Bill Salisbury), morceau déjà interprété par Page99 en 2021 !  

Hautement recommandé !

Produit par John Nixon & Dane Donohue

Enregistrements additionnels: Randy Kilgore, Carols Gunn, Tommy Baldwin

Mixé par : John Nixon

Dane Donohue: Chant, Chœurs, guitare acoustique

John Nixon: Programmation Batterie & Percussion, Guitares, Rhodes, Orgue, Claviers, Piano, Synthétiseurs, arrangements des cuivres, chœurs

Ole Borud: Guitares, Claviers

Duane Harlick: Guitares

Colton Weatherston: Guitares

Bill Salisbury: Basse

Garland McCruter: Piano, Basse

Lisa Breitwieser: Piano, Basse, programmations des cordes

Paul Keese: Pedal Steel

Russ Fitzpatrick: chœurs, arrangements des voix

Jeffrey Boyd: Bugle

Jumpin’ Ed Jonnet: Saxophone

Chase Baird: Saxophone