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Wide Open (2017)

image : Wide Open (2017)

 

La parution d’un nouvel album de Michael McDonald est toujours un événement en soi, d’autant plus quand il s’agit d’un disque composé uniquement de nouvelles chansons, chose qui n’était pas arrivé depuis Blue Obsession (2000), autant dire une éternité, même en incluant l’excellent In The Spirit The Christmas Album paru en 2001, composé pour l’essentiel de morceaux originaux, ça représente tout de même 16 ans de disette.

 

Michael McDonald avait littéralement subjugué le public lors de son arrivée chez les Doobie Brothers en 1976, en prenant le leadership du groupe et opérant de ce fait un virage musical, avec une orientation beaucoup plus "blue-eyed soul", favorisant les claviers par rapport aux guitares et en mettant en avant sa voix "soul" absolument unique ! Takin’ It To The Streets fut un grand succès et consacra complètement Michael McDonald. S’en suivit plusieurs albums qui marchèrent très bien et influencèrent nombre d’artistes. Les Doobies se séparèrent juste après le Farewell Tour en 1982, et Michael McDonald fit paraître son premier album en solo avec le succès que l’on connait, propulsé par le single légendaire I Keep Forgettin’ !

 

Les années 80 le virent enchainer les succès au travers de duos avec d’autres artistes comme le fameux Yah Mo Be There avec James Ingram ou encore On My Own avec Patti LaBelle, mais aussi seul, avec le titre Sweet Freedom en 1986 ! Sa voix était toujours très recherchée en tant que choriste par des artistes ou groupes, c’est ainsi que l’on peut l’entendre sur le single I’ll Be Over You de Toto en 1986 ! Parallèlement le disque No Lookin’ Back paraîtra en 1985 et Take It To Heart en 1990. Les années 90 ne virent que la sortie de Blink Of An Eye en 1993, et sept ans plus tard Blue Obsession (2000).

 

Michael McDonald retrouva les classements du Billboard en 2003 avec Motown album de reprises qui rencontra un grand succès, on y remarque l’interprétation extraordinaire de Ain’t No Mountain High Enough ! Il y eut un Motown Two en 2004 et puis Soul Speak (2008), ce dernier recèle 3 compositions originales du maître !

 

Alors que vaut ce Wide Open ? Et bien de mon point de vue et après quelques écoutes, je n’hésite pas à dire que c’est certainement son meilleur album ! If That What It Takes reste et restera un album légendaire, car il était paru dans un contexte encore favorable à ce genre de musique et il a bien entendu marqué notre génération, nous avions tous entre 15 et 25 ans à cette époque, voir un peu plus pour les plus anciens ! Il a donc forcément marqué notre jeunesse et nous laissera toujours un souvenir impérissable !

 

Wide Open est son album le plus personnel, le plus complet et le plus profond. Michael McDonald nous délivre à l’automne de sa vie un joyau d’une grande beauté ! C’est très rare pour un auteur compositeur interprète de faire un album d’une telle qualité à plus de 60 ans ! La production de Michael McDonald et de Shannon Forrest est absolument remarquable, le son est dense, une certaine puissance en ressort et la voix de McDonald est particulièrement en forme sur tous les morceaux qui composent Wide Open ! La surprise vient surtout de la mise en avant des guitares, par rapport aux claviers, même si ceux-ci sont bien évidemment toujours présents. Il n’y a aucun morceau faible et c’est là également que réside la force de Wide Open par rapport à ses prédécesseurs. Depuis If That What It Takes nous n’avions pas eu droit de la part de McDonald à un disque qui nous fait autant planer et nous donne autant de bonheur du début à la fin, sans avoir envie de zapper un titre, surtout par les temps qui courent, où on passe très facilement d’un morceau à un autre et où la manière de recevoir la musique a tellement évolué depuis les années 80 !

 

C’est un mid-tempo entêtant qui ouvre Wide Open, sur Hail Mary (Michael McDonald) on remarque d’entrée la guitare qui imprime le rythme et non le clavier, comme on aurait pu le penser avant de commencer l’écoute, l’arrivée des cuivres et du saxophone de Mark Douthit en seconde partie du morceau est d’une grande réussite, sa femme Amy Holland McDonald est également présente sur le refrain, quelle belle entrée en matière ! Just Strong Enough (Michael McDonald / Gary Nicholson) est le titre de bravoure de ce disque, presque 8 minutes ! C’est un "blues" magnifique qui bénéficie d’une production très dépouillée en introduction, ce morceau enfle petit à petit avec l’arrivée des cuivres et des cordes, ces dernières étant magnifiquement arrangées par Matthew McCauley, les chorus et solos de guitares se succèdent tous plus beaux les uns que les autres, on nage en plein bonheur, Michael McDonald chante le blues à la perfection ! Avec Find It In Your Heart (John Goodwin / Michael McDonald) nous sommes en terrain connu, ce titre très "blue eyed soul", est dans un registre habituel pour le maître, et la réussite est encore une fois au rendez-vous ! Sur Half Truth (Michael McDonald / Grady Walker / Dylan McDonald) l’intro à l’harmonica est signée McDonald, cette chanson est dans une veine plus "roots" sentant bon le "midwest", les immenses plaines qui ne se terminent jamais, les arrangements transpirent l’odeur de blé et de paille, ça explose carrément sur le refrain, les guitares donnent encore une fois le ton de ce formidable morceau ! Les premiers accords de guitares sur Ain’t No Good (Michael McDonald / John Goodwin) sont très chatoyants, et la mélodie qui s’en suit est magnifique, commençant en mid-tempo, on accélère un peu sur le refrain avec une puissance toute rentrée, et puis dès le second couplet le titre s’emballe et le bonheur est total ! La seule vraie ballade de l’album est Honest Emotion (Michael McDonald / Charles Frichtel / John Goodwin) avec une production très dépouillée, banjo, mandoline, guitare acoustique, de très belles cordes arrivent à la moitié du morceau. Attention, c’est un moment unique, ce titre est beau à en pleurer ! Avec Blessing In Disguise (Michael McDonald / George Peppard / Bernie Chiaravalle / Beth Nielsen Chapman) on navigue en haute sphère, le saxophone soprano très jazz de Branford Marsalis est extraordinaire, et le tempo lancinant de ce morceau, marqué de différents effets de synthétiseurs par Steve Porcaro donne un résultat absolument remarquable ! le mid-tempo Dark Side (Michael McDonald) se situe également tout en haut, décidément ce disque est un vrai délice, la mélodie est belle et émouvante, les arrangements sans faute et la beauté du refrain arrive à vous donner des frissons ! Avez-vous aimé le tempo du morceau If That What It Takes en 1982 sur l’album du même nom ? Si oui, vous allez adorer If You Wanted To Hurt To Me (Michael McDonald / Peter Leinheiser), un tempo un peu plus rapide quand même, et qui nous rappelle les grands moments de la Motown, ce titre regorge de soul, les cuivres sont là, ça joue, ça groove pour notre plus grand bonheur ! Beautiful Child (Michael McDonald / Bernie Chiaravalle / Chuck Sabatino) commence de façon plutôt acoustique pour ensuite s’électriser sur le refrain et nous emporter à nouveau dans les grands espaces, c’est toujours du grand art ! Avec Too Short (Michael McDonald / Ross Bono) est-ce que Michael McDonald a voulu rendre hommage à Little Feat ? En tout cas ça sonne vraiment comme le groupe de feu Lowell George, un petit tour du côté de La Nouvelle Orléans ne peut pas faire de mal ! Vous aimez la fusion ? Si oui vous allez vous régaler avec Free A Man (Richard Stekol), ce morceau qui sert de conclusion à ce disque envoie grave, un groove d’enfer, les solos de clavier, de saxophone, de guitare se succèdent, jamais Michael McDonald n’avait interprété un titre dans cet esprit sur un de ses albums, c’est un ravissement total !

 

Vous l’aurez compris en lisant cette chronique je ne suis pas avare de superlatif, mais c’est ce que je ressens réellement à l’écoute de ce chef-d’œuvre… Mine de rien le couple McDonald à deux ans d’intervalle a fait paraître deux disques majeurs des années 2010, petit clin d’œil à Amy Holland qui avec Light On My Path (voir la chronique sur le site) avait frappé un grand coup en 2015 !

 

Que dire de plus en guise de conclusion ? Qu’il ne faut pas avoir d’hésitation à se procurer cette « masterpiece » !

 

Produit par Michael McDonald & Shannon Forrest

 

Arrangements des cuivres : Michael McDonald, Mark Mullins, Mark Douthit, Mark Leonhart, David Frank
Arrangements des cordes & chef d'orchestre : Matthew McCauley, Shannon Forrest
Arrangements originaux : John Peppard

 

Michael McDonald : Chants, Guitares, Wurlitzer, Piano, Fender Rhodes, Harmonica, Claviers, Clav

 

Basses : Willie Weeks, Marcus Miller, Lee Sklar, Lance Morrison, Tommy Sims, Michael Rhodes, Craig Young, Rony Lucio
Batterie, Percussions, Effets de brosses, Programmations de batterie, Basse synthétiseurs : Shannon Forrest
Guitares électriques : Michael Landau, Dann Huff, Robben Ford, Warren Haynes, Drew Ramsey, So Littlefield, David Levita
Guitares acoustiques : Bernie Chiaravalle, Dann Huff, Ilya Toshinski, Danny Rader, David Levita
Bouzouki : Danny Rader
Banjo, Mandoline : Ilya Toshinski
Guitare slide : Michael Landau
Guitare douze cordes : Bernie Chiaravalle
Hammond b-3 : David Paich, Larry Goldings
Rhodes : Mike Rojas
Synthetiseurs : Steve Porcaro, Tim Akers, Jeff Roach, John Peppard

 

Trombones : Mark Mullins, Barry Green, Andrew Lippman
Sousaphone : Matt Perrine
Saxophones ténor : Ward Smith, Scott Mayo, George Shelby
Saxophone alto : Scott Mayo
Saxophone Bariton : George Shelby
Saxophones : Tom Scott, Mark Douthit
Trompettes : Michael Leonhart, Bobby Campo, Steve Patrick, Harry Kim
Flugelhorn : Michael Leonhart
Saxophone soprano : Branford Marsalis

 

Chants : Amy Holland McDonald, Drea Renee

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Dernier commentaire :

Jean-PhilippeRéjou

Bleu Eyed Soul est un terme qui vient des Etats-Unis pour désigner la musique tendance soul chantée par les blancs. Hall & Oates, Simply Red, etc. etc.

posté le : January 6, 2022 09:47

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Clairette
Clairette

Juste une question Jean Philippe, pourquoi le terme Blue eyed soul ?

Merci pour ta réponse.😊

posté le : January 5, 2022 16:15

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alainjo

👍

 

posté le : May 18, 2020 22:11

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Jean-PhilippeRéjou
Jean-PhilippeRéjou

Je chroniquerai tous ses albums petit à petit. 😉

posté le : May 18, 2020 19:54

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alainjo
alainjo

Je place en troisième position " Blue obsession " ... Puis " Take it to heart " en 4 ... 

 

posté le : May 18, 2020 19:53

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Jean-PhilippeRéjou

Tu as tout à fait raison Alainjo, cet album est magnifique! 

posté le : May 18, 2020 12:00

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alainjo
alainjo

Comme tu les dis JP , mettons à part "If that what it takes " qui est un chef d'oeuvre ... Ce dernier opus du maitre est énorme ... un second chef d'oeuvre ... 

posté le : May 17, 2020 20:38

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