Résumer le parcours de Quincy Jones en quelques lignes relève de la gageure, ce génial touche à tout possède une carrière si riche et si passionnante qu'il est quasiment impossible de pouvoir en parler en un seul post. Et il y a des personnes beaucoup plus qualifiées que moi pour le faire.
Je voudrais juste et sans prétention parler de son album "Back On The Block" sorti en 1989. Pour Q les années 80 furent avant tout les années Michael Jackson. "Thriller" en 1982 et "Bad" en 1987, contribuèrent à asseoir sa notoriété en tant que producteur d'exception. Quelques temps après la parution de "Bad", Q se remit au travail, mais pour son propre compte cette fois-ci. Le dernier disque paru sous son nom était le superbe "The Dude" qui avait inondé les bacs des disquaires en 1981, et recelant des morceaux légendaires comme la reprise de Chaz Jankel "Aie No Corrida", ou encore "Razamatazz" et les superbes ballades que sont "Just Once" et "One Hundred Ways".
"Back On The Block" est différent de "The Dude", différent de par son approche et de par son concept. L'idée principale de "Back On The Block" était de faire un résumé de toutes les musiques créées et développées par les afro-américains durant le 20e siècle (origine africaine, negro spirituals, gospel, blues, jazz, rhythm & blues, soul, funk, rap, hip hop, etc.). On retrouve à ce propos dans "Back On The Block" une pléiade de stars venues de ces divers horizons musicaux.
L'album sera un énorme succès et remportera pas moins de sept Grammy Awards, dont celui dans la catégorie "Album Of The Year" !
Le premier titre "Prologue (2Q's Rap)" (Big Daddy Kane / Quincy Jones) suivi immédiatement du titre éponyme "Back on the Block" (Quincy Jones / Rod Temperton / Siedah Garrett / Caiphus Semenya / Ice-T / Melle Mel / Kane / Kool Moe Dee) donne le ton, et délivre un subtil mélange de rap et de chœurs tout droit sortis de la savane africaine, ce qui nous ramène aux origines profondes des musiques noires, qui inonderont le marché musical à partir de la seconde moitié du 20e siècle. Ces chœurs peuvent d'ailleurs nous rappeler la bande originale du magnifique film "La Couleur Pourpre" dont Q avait été un des principaux artisans en 1985. Le morceau suivant "I Don't Go For That" (Ian Prince) met en vedette Siedah Garrett au chant, et évolue dans un "mood" "New Jack Swing", genre qui avait la grosse côte à cette époque, mis en avant par des artistes comme Janet Jackson entre autres. Michael Jackson mettra d'ailleurs le "New Jack Swing" à l'honneur, deux ans plus tard dans son album "Dangerous". "I'll Be Good To You" (George Johnson / Louis Johnson / Sonora Sam) est le remake d'un titre des Brothers Johnson datant de 1976 et figurant sur l'album "Look Out for #1". On y retrouve Chaka Khan et Ray Charles au chant. "The Verb To Be (Introduction to Wee B. Dooinit)" (Mervyn Warren) et "Wee B. Dooinit (Acapella Party by the Human Bean Band)" (Quincy Jones / Siedah Garrett / Ian Prince) est presque "accapella" accompagné seulement par des percussions assez minimalistes, entre rap, jazz et gospel, ce morceau n'est pas sans rappeler dans sa construction ce que le groupe Take 6 avait mis en place un an plus tôt sur leur premier album.
"The Places You Find Love" (Glen Ballard / Clif Magness / Caiphus Semenya) débute comme une ballade avec une atmosphère se rapprochant du "Liberian Girl" de MJ, le refrain quant à lui met en avant une magnifique chorale gospel, le grand moment de ce titre se trouve dans le bridge où Quincy Jones a l'idée géniale de glisser une nouvelle fois des chœurs et des chants africains absolument magnifiques. Chaka Khan et Siedah Garrett se partage le chant. L'introduction de Birdland ""Jazz Corner of the World (Introduction to "Birdland")" (Kane, Dee) est géniale, alliant rap et jazz où chaque artiste jazz nous fait un petit coucou, et de suite après c'est la claque "Birdland", cette reprise de Joe Zawinul est une merveille de jazz fusion, cette plage est à n'en pas douter un des chefs-d'œuvre de ce disque, ils sont pratiquement tous là : George Benson, James Moody, Dizzie Gillespie, Miles Davis, Sarah Vaughan et Ella Fitzgerald, concernant ces deux dernières ce fut leur ultime enregistrement.
On enchaîne avec une très belle douceur signée Ivan Lins et Gilson Peranzzetta "Setembro (Brazilian Wedding Song)" mise en lumière vocalement par le groupe Take 6, George Benson est toujours présent à la guitare, Gerald Albright et Herbie Hancock viennent également y faire un petit bonjour ! On retrouve du rythme avec "One Man Woman" (Siedah Garrett / Ian Prince / Harriet Roberts) qui est honnête, mais n'est pas un des moments phare de cette œuvre, Siedah Garrett évolue au chant, on y reconnaît la patte de George Duke lors du solo de claviers et les percussions sont tenues par Sheila E. "Tomorrow (A Better You, Better Me)" (George Johnson / Louis Johnson / Siedah Garrett) est encore une reprise d'un morceau des Brothers Johnson, toujours extrait de l'album "Look Out for #1", mais ce morceau était à l'origine un instrumental sur lequel Siedah Garrett a posé des paroles pour cette nouvelle et agréable version, le chant est tenu par Tevin Campbell qui était alors âgé de quatorze ans, petit poulain de l'écurie Quincy Jones. "Prelude to the Garden" (Jorge Calandrelli) et "The Secret Garden (Sweet Seduction Suite)" (Quincy Jones / Rod Temperton / Siedah Garrett / El DeBarge) donne à cet album un final en forme de romantisme et d'érotisme, c'est un véritable feu d'artifice, la mélodie et les arrangements sont inoubliables, on ne pouvait rêver de meilleure conclusion! Al B. Sure, Barry White, El DeBarge et James Ingram se relaient au chant.
Ce disque est indispensable pour tous les amateurs de belles choses et il va vous permettre de parcourir et d'apprécier tout ce qui a fait la musique afro-américaine.
Six ans plus tard Quincy Jones faisait paraître "Q's Jook Joint".
Produit par : Quincy Jones
Producteur associé : Rod Temperton
Enregistré par : Bruce Swedien
Chants : Siedah Garrett, Take 6, Ray Charles, Chaka Khan, Al B. Sure, Ella Fitzgerald, Tevin Campbell, Barry White, El DeBarge, James Ingram, Al Jarreau, Bobby McFerrin.
Rap : Ice T, Melle Mel, Big Daddy Kane, Kool Moe Dee, Quincy D. III, Quincy Jones, Bobby McFerrin
Trompettes : Dizzie Gillespie, Miles Davis
Saxophones : James Moody, Gerald Albright
Programmations : Rod Temperton, Quincy Jones, Quincy D. III, Michael Boddicker, Steve Porcaro, Larry Williams, Ian Underwood, Randy Kerber, David Paich, Rhett Lawrence, Michael Casey Young.
Synthesized Korg Pepe : Joe Zawinul
Claviers : Greg Phillinganes, Ian Prince, Herbie Hancock, David Paich, Randy Kerber, Larry Williams, Jerry Hey, George Duke.
Basses : Louis Johnson, Nathan East, Neil Stubenhaus
Guitares : George Johnson, Michael Landau, Paul Jackson, Jr., George Benson, Steve Lukather.
Batteries : Harvey Mason, John Robinson.
Percussions : Bill Summers, J.C. Gomez, Quincy Jones, Paulinho DaCosta, Sheila E, Ollie E Brown.
Vocorder : Ian Prince
Cuivres : Jerry Hey, Gary Grant, Larry Williams, Bill Reichenbach.
Choeurs : Andrae Crouch, Sandra Crouch, Rose Banks, Jean Johnson, Alfie Silas, Vonciele Faggett, Tammi Gibson, Howard McCrary, Perry Morgan, Siedah Garrett, Caiphus Semenya, Nadirah Ali, Ian Prince, Jim Gilstrap, James Ingram, George Johnson, Louis Johnson, Phil Perry, Syreeta Wright, Edie Lehmann, Peggi Blu, Howard Hewett, Jennifer Holliday, Clif Magness, Dionne Warwick, Luther Vandross, Maxi Anderson, Jackie Gouche, Pattie Howard, Jean Johnson-McRath, Geary Lanier Faggett, Derrick Schofield.
African lyrics written, arranged and conducted by Caiphus Semenya.
Arrangements : Quincy Jones, Andrae Crouch, Rod Temperton, Bill Summers, Quincy D. III., Ian Prince, Mark Kibble, Siedah Garrett, Clif Magness, Glen Ballard, Jerry Hey, Jorge Calandrelli.
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